Vilfredo Pareto a été rendu célèbre pour ses travaux sur les probabilités en observant que 20% de la population italienne possédait 80% des richesses.
Cette règle a depuis été largement répandue et utilisée comme un outil majeur de qualité.
Les exemples démontrant la justesse de cette loi ne se comptent plus. Mais est-ce suffisant pour gérer les processus d'amélioration ?
Dans les processus industriels, il y a une variable que l'on oublie souvent : le temps.
Je me réfère ici à un exemple vécu qui concerne l'amélioration du rendement de lignes de production automatisées. J'étais le responsable de ce projet d'amélioration.
- Une équipe d'analyse pluridisciplinaire était en place (comprenant des opérateurs, des techniciens de maintenance, des agents de maitrise, des représentants de l'industrialisation…),
- la saisie de données était organisée (tant pour capturer les états de la ligne / des machines que pour enregistrer les opérations détaillées des interventions des méthodes ou de la maintenance.
- Les indicateurs de performance (rendement) étaient restitués quotidiennement, hebdomadairement et sur 4 semaines tournantes et ce de façon visuelle, avec affichage en bout de ligne et réunion d'équipe quotidienne.
- Le management était impliqué et savait marquer sa reconnaissance des résultats atteints.
Néanmoins après une période de gros progrès, les résultats stagnaient.
Pourtant, rien dans la démarche ne semblait clocher : tous les membres de l'atelier étaient motivés, les outils d'analyse étaient utilisés correctement, à bon escient et régulièrement.
Alors ?
Reprenant l'ensemble des données collectées, j'eus l'idée de les analyser sur l'ensemble de la période et non hebdomadairement.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir deux choses :
- M. Pareto avait toujours raison
- Mais les 20% de causes principales n'étaient pas complètement identiques !!
S'étaient en effet glissées dans ces empêcheuses de produire efficacement 3 causes qui n'étaient JAMAIS apparues lors des analyses hebdomadaires ! Par contre ces dysfonctionnements étaient récurrents et venaient chaque semaine prélever leur lot de temps d'arrêt.
Même en interrogeant les techniciens ou opérateurs sur ces aléas, aucun ne les citaient comme sujets de préoccupation.
Ayant mis ces problèmes en sujet cible, les points de rendement perdus ont rapidement diminué nous permettant d'atteindre l'objectif ambitieux que nous nous étions fixés.
La morale de cette histoire ?
Il faut savoir adapter l'échelle de temps de la période d'analyse en fonction de la phase de progrès dans laquelle on se situe.
Monsieur Pareto a décidément toujours raison !
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